CORRUPTION, DETOURNEMENTS DE DENIERS PUBLICS, MORT DU JOURNALISTE BIRAMA TOURE, SANCTIONS DES AMÉRICAINS…KARIM KEITA PEUT-IL S’EN SORTIR?

238

Fini les voyages en jet privé, les balades en mer à bord de Yacht, les discussions autour d’un verre sur les terrasses parisiennes, londoniennes…Le tout puissant Karim Keïta du défunt Président au Mali, exilé en Côte d’Ivoire depuis 2020, est sous le joug des sanctions et d’un mandat d’arrêt international. Peut-il rebondir? 

Le Président Alpha Condé et Karim Keïta, fils du défunt chef d’Etat malien, Ibrahim Boubacar Keïta, sont sous sanctions du Trésor américain, accusés respectivement de «violations des droits de l’homme» et de «corruption». Ils figurent sur une liste de 40 personnalités sanctionnées, le 9 décembre 2022, par l’Office of foreign assets control (Ofac), l’organe de contrôle financier du département du Trésor. A l’époque, des faits visés par Ofac, il était le tout puissant président de la commission défense de l’Assemblée nationale. Il s’est bâti une fortune colossale entre 2014 et 2020.

L’histoire des blindés du Royaume Uni

L’achat du matériel militaire fait partie des plus gros dossiers dans lesquels le fils de l’ancien Président est soupçonné de s’être sucré à merveille. «C’est avec la complicité d’une haute autorité qui l’a aidé à s’exiler en Côte d’Ivoire, qu’il a facturé à plusieurs milliards de francs Cfa l’achat des blindés. Un matériel que le Royaume-Uni a offert au Mali», confient des sources militaires. «Le poste qu’il occupait générait des milliards de francs Cfa. Il n’a jamais cherché à créer d’emplois pour les jeunes Maliens. Il n’a rien foutu et je lui ai dit ça dans le blanc des yeux», révèle un homme d’affaires malien. Et de poursuivre : «Il y a au moins huit (8) sociétés black listées au Royaume Uni et en France. Certains de ses comptes sont bloqués. Il a créé beaucoup de sociétés écrans. Il s’enrichissait facilement avec la location de ses voitures et de ses immeubles à l’Etat.» Le bureau du vérificateur général du Mali (Bvg) a pointé également des anomalies dans l’achat de l’avion présidentiel en 28,5 milliards de francs Cfa d’irrégularités de gestion.

Karim Keïta pressenti Président du Mali

Élu, en 2020, Président de l’Assemblée nationale du Mali avec 134 voix pour contre 8 pour son adversaire Moussa Mara avec 3 bulletins nuls et 2 absents, Moussa Timbiné, beau-frère de Karim Keïta, était pressenti pour organiser l’élection présidentielle en cas de vacance du pouvoir. Des sources politiques expliquent qu’avec l’état de santé dégradant de l’ancien Président IBK, l’armée craignait qu’il ne termine pas son mandat. Et une rumeur circulait sur une probable candidature de Karim Keïta au fauteuil présidentiel. Et en cas d’élection, son beau-frère, Président de l’Assemblée nationale, l’aiderait à gagner. Une des principales raisons de la prise du pouvoir par l’armée en août 2020.

Les résultats de l’enquête de Reporter sans frontières (Rsf) sur la mort du journaliste Birama Touré

Depuis ses dernières révélations en juillet dernier, RSF a récolté de nouveaux éléments très précis de la part de personnes détenues en même temps ou juste après le journaliste malien à la sécurité d’État. L’un de ces témoins a notamment affirmé avoir croisé Birama Touré lors d’un changement de cellule. Il décrit le journaliste qui occupe alors la «chambre 7» de la prison secrète des services de renseignement maliens comme «boursouflé» par les actes de torture au point qu’on aurait pu croire qu’il était “un homme d’une grande corpulence. Un autre témoin, jugé très crédible par notre organisation et dont nous conservons également l’anonymat pour des raisons de sécurité, nous a permis d’établir que le journaliste n’avait visiblement pas survécu à ses blessures. Un soir, Birama Touré est emmené au «frigo», une cellule spéciale dans laquelle les détenus sont torturés, battus, accrochés pendant des heures à des barres de fer, les pieds touchant à peine le sol, parfois mutilés ou violés… Cette nuit-là, le journaliste est ramené dans sa cellule le visage et l’anus ensanglantés. Il ne se réveillera plus. Selon les informations de ce témoin, le lendemain matin, le corps de Birama Touré a été enveloppé dans une natte et placé à l’arrière d’un pickup de couleur blanche, puis transporté en dehors de l’enceinte qui abrite les geôles de la sécurité d’État. Ce témoin assure que cette opération s’est déroulée en présence de Karim Keïta, le fils du président Ibrahim Boubacar Keïta, du général Moussa Diawara, alors patron de la DGSE malienne, de plusieurs membres de ce service ainsi que de deux journalistes, depuis décédés. Le juge d’instruction chargé de l’enquête a lancé un mandat d’arrêt international contre Karim Keïta, réfugié en Côte d’Ivoire.

LE TRÉSOR AMÉRICAIN SANCTIONNE KARIM KEITA POUR CORRUPTION

L’Organisme de contrôle financier du département du Trésor américain(Ofac) dans son document publié le 9 décembre 2022, revient sur Karim Keïta, le fils de l’ancien président malien, Ibrahim Boubacar Keita, ancien président de la Commission de Sécurité et de Défense de l’Assemblée nationale du Mali. Et qui a eu à superviser les dépenses de défense du Mali, de février 2014 à août 2021. L’Ofac constate que Karim Keita aurait utilisé sa position pour recevoir des pots-de-vin, attribué des contrats à des affidés, qui lui ont ensuite versé des pots-de-vin, et détourné des fonds publics en surpayant des contrats de matériel. Par l’intermédiaire de son père, Karim Keïta se serait arrangé pour retirer de leurs fonctions les fonctionnaires qui ne soutenaient pas sa corruption.

Karim Keïta a également, ostensiblement, organisé des pots-de-vin pour soutenir la réélection de son père. Après l’éviction de ce dernier, Keita s’est enfui en Côte d’Ivoire, où il occupe le poste de PDG de Konijane Strategic Marketing .

L’Ofac désigne ainsi l’ancien député de la Commune Il comme responsable ou complice de corruption, ou a directement ou indirectement participé à la corruption, y compris, le détournement de biens de l’État, l’expropriation de biens privés à des fins personnelles, la corruption liée à des contrats gouvernementaux ou à l’extraction de ressources naturelles, ou la corruption. L’organe américain estime également que la société « Konijane Strategic Marketing », basée en Côte d’Ivoire, est détenue ou contrôlée par Karim Keita.

Les américains et la mort du journaliste Birama Touré

Pour ce qui est de la mort du journaliste Birama Touré, l’Ofac note que Karim Keita aurait également organisé l’enlèvement, la torture et le meurtre apparent de Birama Touré, un journaliste qui enquêtait sur l’implication de Keita dans la corruption. Plusieurs témoins affirment avoir vu Touré dans une prison gérée par les Services de renseignement maliens, avec des signes clairs d’avoir été brutalement torturé. Au moins, un témoin a affirmé avoir vu le corps, apparemment sans vie, de Touré, retiré de la prison, en présence de Keita. Karim Keïta aurait fait pression sur un avocat pour qu’il ne se charge pas du dossier de Touré, tandis qu’un autre témoin a affirmé que Touré lui avait dit en prison qu’il avait été arrêté sur les ordres de Keita.

KARIM KEITA RÉPOND AU TRÉSOR AMERICAIN VIA TWITTER

Depuis la rupture de l’ordre constitutionnel dans mon pays, le Mali, et soucieux de ne gêner en rien ni le pays qui m’a offert l’hospitalité en toute fraternité, ni la bonne marche de la transition au Mali, je me suis astreint à un strict devoir de réserve qu’aucun évènement n’est venu entamer ni prendre à défaut.

Cependant, la surprenante décision rendue publique récemment par le Trésor Américain et la conférence de presse de l’ambassade des Etats-Unis à Bamako, qui m’incrimine à tort, m’oblige ce 14 décembre 2022 à la présente clarification :

Mis en cause dans des procédures à finalités politiques évidentes, de présumé innocent, je suis transformé en coupable et lynché virtuellement sans autre procès que celui colporté par la clameur des médias instrumentalisés.

Je constate que cette décision a été prise unilatéralement, sans recoupement aucun, aucun contact avec moi, ne m’offrant aucune possibilité de réaction avant ce que j’appelle de nouveau un lynchage sans raison avérée, au détriment du doute, de l’objectivité que commanderait toute démarche impartiale.

Je tiens à réaffirmer mon innocence par rapport aux faits narrés, auxquels je suis étranger et dont l’existence est plus que douteuse.

Je demeure également confiant en ce que des mécanismes internes au système

Américain existent, mis en œuvre par des hommes et des femmes de grande qualité, mus par la seule quête de justice, aux convictions forgées dans les principes qui ont fait la grandeur des Etats-Unis d’Amérique. J’y aurai recours en temps utile.

En attendant je voudrais que dans le doute, on admette que je puisse être innocent jusqu’à ce que la preuve contraire soit apportée, me faisant bénéficier ainsi d’une présomption reconnue à tout être humain, par toute personne animée d’un minimum de bonne foi.

Que Dieu nous permette d’assister au triomphe de la vérité. Afrique Demain

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici