Le RN considère les binationaux français de « seconde zone »

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En 1985, Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front National (FN), désormais Rassemblement National (RN), affirmait : « Je pense que pour ceux qui ont la double nationalité, il faut choisir. Ou on est algérien, ou on est français. » Cette déclaration résume parfaitement la vision du RN à l’égard des binationaux : une vision réductrice et discriminatoire. Trente ans plus tard, cette idéologie n’a guère évolué.

En 2014, après la qualification de l’Algérie en huitième de finale de la Coupe du monde, Marine Le Pen réitérait cette position : « Il faut choisir, être français ou être autre chose. On est algérien ou on est français. On est marocain ou on est français. » Plus récemment, Sébastien Chenu, vice-président du parti, déclarait sur le plateau de Cyril Hanouna : « On ne peut pas être français pour certaines choses et uruguayen pour d’autres. » Ces propos montrent bien la persistance de la volonté du RN de catégoriser et de stigmatiser les binationaux, les considérant comme des citoyens de seconde zone.

Si le RN arrivait au pouvoir, des millions de binationaux pourraient perdre le droit d’exercer certaines professions dans l’administration ou les entreprises publiques, tout cela au nom de la lutte « contre les ingérences étrangères ». Le candidat du RN affirme sans équivoque : « Sur les binationaux, je vous confirme que les postes les plus stratégiques de l’État seront réservés aux citoyens français et aux nationaux français. » 

La proposition de loi constitutionnelle du RN, déposée le 25 janvier 2024 à l’Assemblée nationale, prévoit d’inscrire dans la Constitution que « la loi organique peut interdire l’accès à des emplois des administrations, des entreprises publiques et des personnes morales chargées d’une mission de service public aux personnes qui possèdent la nationalité d’un autre État ». Pour Sarah Mazouz, spécialiste des politiques de nationalité, cette proposition confirme « une logique du soupçon vis-à-vis de Français qui sont toujours pensés comme autres soit parce qu’ils ont une autre nationalité, soit parce qu’ils sont nés de parents étrangers sur le territoire français ».

Le RN porte donc un projet de révision de la Constitution dans son programme, avec des dispositions clairement discriminatoires et xénophobes touchant directement les binationaux. Najat Vallaud-Belkacem s’en émeut dans une tribune publiée dans Le Monde : « Aux manettes, le RN, qui n’a jamais caché sa haine contre ceux qu’il nomme des “Français de papier”, s’empressera de nous interdire l’accès à des emplois qu’il juge trop bien pour nous : dans l’administration, les entreprises publiques et les personnes morales chargées d’une mission de service public. » 

Serge Slama, professeur de droit public, rappelle avec justesse : « Le seul moment de l’histoire où l’on a exclu des Français des emplois publics en raison de leurs origines, c’est sous Vichy. » En effet, les propositions du RN résonnent dangereusement avec des périodes sombres de notre histoire où l’exclusion et la discrimination étaient légitimées par l’État.

Aujourd’hui, il est crucial de dénoncer et de combattre cette volonté de division et de discrimination. La France a toujours été une nation diverse et riche de ses multiples appartenances. Vouloir réduire la citoyenneté française à une identité unique et exclusive est non seulement injuste, mais aussi contraire aux valeurs fondamentales de notre République. Opposons-nous fermement à cette vision rétrograde et travaillons ensemble pour une France inclusive, où chaque citoyen, qu’il soit binational ou non, a sa place.

Adoum CHOUWIMI

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