«La commission de contrôle du financement de la campagne électorale informe les candidats à la prochaine élection présidentielle, de l’ensemble des règles et dispositions juridiques à respecter, en ce qui concerne le financement de la campagne électorale qui débutera le 15 août en cours», indique dans un communiqué paru jeudi 1er août 2024,
l’Autorité nationale indépendante des élections(ANIE). La même instance avait publié la liste des candidatures retenues, jeudi 25 juillet, en vue du scrutin anticipé du 7 septembre 2024. Dans un premier temps trois candidatures sur seize dont été directement validées : Abdelaali Hassani Cherif, président du Mouvement de la société pour la paix(MSP), Youcef Aouchiche, Secrétaire général du Front des forces socialistes, et le président sortant, Abdelmadjid Tebboune.
Cinq des treize postulants potentiels à la candidature à la présidentielle du 7 septembre 2024, dont les dossiers ont été rejetés par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), ont introduit des recours à la Cour constitutionnelle, en vertu des dispositions de l’article 252 de la loi électorale. Ils pointent du doigt les explications avancées par Mohamed Charfi, président de l’ANIE, lors de la conférence de presse, jeudi 25 juillet 2024, au cour de laquelle ont été annoncés les dossiers de candidatures retenus.
« Les parrainages en question »
Les dossiers recalés, généralement pour faute d’avoir recueilli le nombre de parrainages nécessaires pour candidater à l’élection présidentielle, comme stipulée par la loi électorale, avaient 48 heures pour formuler un recours. Tous, ils évoquent un vrai parcours de combattant pour les candidats qui doivent recueillir les signatures de 600 élus ou de 50 000 électeurs également répartis sur 29 wilayas (départements). Naim Khemmar, militant de l’UCP, témoigne sur Facebook, de son expérience à la wilaya d’Oum Bouaghi, d’une des difficultés majeures dans la collecte de signatures. « la peur des citoyens des conséquences d’une signature pour un candidat opposé au pouvoir, d’autant plus que la signature est devenue numérisée ». Et s’il est incontestable que nombre de ces candidats recalés sont des noms peu connus du grand public, on peut néanmoins constater parmi eux, deux femmes, Saida Neghza, dirigeante de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), et Zoubida Assoul, qui préside l’Union pour le changement et le progrès (UCP).
« Tonton » Tebboune et l’Algérie nouvelle
L’« indépendant » Abdelmadjid Tebboune, 78 ans, président sortant, brigue un deuxième mandat. Pour nombre d’observateurs et analystes de la vie politique algérienne, celui qu’on appelle affectueusement « Aami », « Oncle », « Tonton » Tebboune, Chef de l’Etat algérien, semble avoir une longueur d’avance, dans cette consultation populaire. Notamment du fait des sollicitations venant d’un peu partout sur l’ensemble du territoire national tant des partis et organisations politiques (FLN, le RND, le mouvement El Bina et Al Mostaqbel…), de la société civile, et surtout en raison du bilan de son premier mandat. Les mesures prises sous le plan économique et social, ont été saluées par des institutions internationales comme le FMI, la banque mondiale et la banque africaine de développement. Le président candidat promet par ailleurs que d’ici fin 2027, le PIB atteindra 400 milliards dollars par an et cela sous le contrôle de la banque mondiale, le FMI et la banque africaine.
Candidat de la jeunesse en 2019, le Chef de l’Etat a exprimé lors de l’ interview du 11 juillet 2024 à la télévision nationale algérienne, sa volonté de « parachever ce qui a été initié(…) pour mener l’Algérie à bon port ». D’autant plus que son action a été contrariée, comme pour bons nombre de pays de la planète, par les effets de la pandémie du Covid 19 et la guerre, la Issaba, dont les auteurs entendaient s’en servir comme instrument de déstabilisation sociopolitique du pouvoir d’Alger. Avec le président Abdelmadjid Tebboune, l’Algérie fait son retour sur la scène internationale, d’abord en réaffirmant sa constance diplomatique, la fidélité à ses engagements, avec comme boussole, le Droit international.
Le Sahara occidental
Comme dans l’affaire du Sahara occidental où, ce mardi, 30 juillet 2024, la France a affiché clairement son soutien au Maroc et à son plan d’autonomie pour le Sahara occidental. Le président Emmanuel Macron, qui a perdu les élections législatives et européennes, a profité du contexte des Jeux Olympiques, et de la trêve politique, pour faire une annonce qui va à l’encontre du droit international. Une décision grave pour l’Algérie, lourde de conséquences, entrainant la réaction de l’Algérie qui a décidé de retirer « avec effet immédiat » son ambassadeur de Paris, pour protester contre l’attitude de la France. Cette mesure va bien au-delà d’un simple « rappel pour consultation » auquel l’Algérie avait déjà recouru, en octobre 2021 et en février 2023, même si elle ne veut pas nécessairement dire que les relations diplomatiques sont définitivement rompues entre les deux pays.
La diplomatie algérienne témoigne du rayonnement du pays à l’international qu’illustre la participation du président Abdelmadjid Tebboune au Sommet du G7 , à Bari, en Italie du 13 au 15 juin 2024. La voix de l’Algérie est redevenue audible, même si les vieilles habitudes ont la peau dure particulièrement le culte de la personnalité avec son effigie dressée à Skikda par le RND, provoquant la réaction du président de la république. Sous la présidence de M. Tebboune, l’Algérie a adopté une diplomatie éclairée et un sens profond de la justice, jouant un rôle central en Afrique et sur la scène internationale. Elle s’engage pour la paix et la stabilité, notamment en Libye et au Mali. Abdelmadjid Tebboune prône la solidarité africaine, renforçant la coopération et les liens avec les nations africaines, et défend les opprimés, comme le peuple palestinien. Son slogan « L’Algérie avant tout » souligne son engagement à placer le pays au cœur des efforts d’unité et d’intégration du continent.
Ce renouveau algérien touche également les droits humains. Mary Lawlor, rapporteuse spéciale des Nations unies (ONU) sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, a passé une dizaine de jours en Algérie, entre le 25 novembre et le 5 décembre 2023. L’émissaire de l’ONU s’est rendue à Alger, à Oran et à Tizi Ouzou, à la rencontre de militants, des journalistes et des officiels « afin d’évaluer la situation ». Ses impressions ? « Aucun pays du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord ne m’avait invitée à effectuer une visite officielle. C’est donc un signe de bonne foi et c’est encourageant car mon mandat est très controversé. ». Mme Lawlor confesse avoir été préalablement « frappée par le fait que de très nombreuses personnes travaillant sur les questions des droits humains pouvaient opérer librement ». Toutefois, celles qui travaillent sur des sujets « sensibles » tels que la corruption, la migration, le droit du travail ou l’environnement et qui sont perçues du coup comme « critiques » du gouvernement sont confrontées à de « graves difficultés ». Quant au président Abdelmadjid Tebboune, il s’en remet à la volonté du peuple algérien. « Si le peuple me plébiscite, bienvenu, sinon j’aurais accompli mon devoir et celui qui me succédera va poursuivre la tâche». Il martèle que les Algériens « ont le droit d’accepter ou de refuser. En vertu de la Constitution, le peuple est souverain ».
Élu en décembre 2019 lors d’un scrutin auquel à peine 40% du corps électoral avait participé, dans la foulée des manifestations massives prodémocratie (Hirak), qui avaient causé en avril de la même année, la chute du président Abdelaziz Bouteflika, après 20 ans de pouvoir, Abdelmadjid Tebboune espère rallier le plus grand nombre de suffrages sur son projet de société, pour remporter la présidentielle anticipée du 7 septembre 2024. La campagne électorale s’ouvre officiellement le 15 août.
Par Jean-Célestin Edjangué